Accueil > Portrait d'artisan.e.s > Dans les yeux de Lucile, couturière à Chambéry

Lucile est couturière à Chambéry, et nous sommes fièrs de la compter parmi la ruche fabrikable ! Vous pouvez la rencontrer lors de différents ateliers coutures allant de la fabrication d’une banane à la réparation de vêtements en passant par des ateliers libres !

Pour en savoir plus sur Lucile et son univers, nous avons échangé avec elle sur sa vision de la couture, son parcours d’artisane, ses conseils, et nous vous partageons cette interview inspirante !

Présente-toi en quelques mots, qui es-tu ?

Alors en quelques mots je dirais Lucile, la trentaine, couturière et créatrice sur Chambéry ! Je donne des cours de couture, soit à mon atelier, soit dans des associations de la région. J’ai aussi ma marque de créations Haykou, pour laquelle je teins des pièces en soie, teintes naturellement grâce au procédé de la teinture végétale. J’en fais des pièces plutôt homewear, des kimonos, des caracos, des accessoires pour les cheveux, tout ce genre de choses…

Comment définirais-tu ton métier ?

La couture est un métier passion ! C’est vraiment le plaisir de créer de A à Z et de voir ce qu’on fait. Ce qui me plaît aussi, c’est d’avoir quelque chose de concret dans les mains. Mon métier c’est aussi un côté transmission que j’ai grâce à mes cours, où je retrouve cette fierté chez les participant.es et ça, c’est chouette !

D’après toi, quelles sont les forces de ton métier ?

Les forces de ce métier, c’est qu’on peut imaginer des choses et les créer. Choses que l’on ne retrouve pas dans tous les métiers. Et puis, c’est aussi de créer du beau, de mettre un peu de beauté dans ce monde, et de faire par soi-même ! Parce que ce que je transmets pendant les ateliers, ça permet aux gens de pouvoir refaire des choses chez eux et d’être autonomes, de réparer un vêtement, de faire un ourlet ou de la création pure !

Quels sont les indispensables pour être couturière ?

Je pense qu’il faut beaucoup de motivation et de persévérance, quand on se lance en tout cas dans l’entrepreneuriat. Et plus précisément sur le métier de couturière, je pense qu’il faut quand même être assez minutieux, organisé, manuel.

Depuis que tu as commencé ton métier, tu aurais des histoires insolites à nous raconter ?

Pendant un atelier réalisation de petits paniers en tissu, j’ai une participante qui m’avait demandé si elle pouvait venir avec sa machine, qui est une vieille machine, mais je m’attendais pas à une machine de cet âge là ! La machine était sur un socle en bois qu’on sortait de sa boîte, et qui avait vraiment un ancien roulement, comme ces machines à pédales qu’on peut voir chez certains brocanteurs. Il faut savoir que quand on coud, on doit toujours réaliser un point d’arrêt au début et à la fin de la couture pour que notre couture tienne. Et sur cette machine-là, il n’y avait pas le petit bouton qui nous permettait de faire cette action, donc elle était obligée de retourner son tissu pour revenir en arrière ! C’était pas évident mais il y avait vraiment quelque chose de très manuel et authentique finalement.

Qu’est-ce que tu préfères dans ton métier ?

Ce que je préfère, c’est de pouvoir laisser libre cours à mes envies et ma liberté. De tester des choses et d’aller un peu plus loin. C’est vraiment ça, laisser libre cours à mon imagination.

La pièce dont tu es la plus fière ?

Alors justement, c’est une pièce de ma collection, de ma première collection. C’est ce que j’appelle le kimono revisité, totalement en soie naturelle que j’ai teint préalablement. Ici, on a une teinture aux pelures d’oignons, aux peaux d’avocat et aux cochenilles. Enfin voilà, c’est une petite veste qu’on vient nouer autour de la taille !

Est-ce que tu as des conseils pour trouver des patrons accessibles ?

Alors les patrons, on en trouve pas mal sur internet. Il y a plein de créatrices sympas qui ont vraiment de jolis modèles sur Internet. Je conseille de farfouiller, d’aller sur les blogs de couture, sur Instagram, Pinterest aussi, c’est une mine d’inspiration ! Personnellement je préfère les patrons des créatrices sur internet, mais sinon on en trouve en magasin.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans la couture ?

Initialement, mes grands-mères faisaient de la couture. Mais ça a toujours été compliqué d’apprendre avec elles, parce qu’elles n’étaient pas très pédagogues. Pour elles c’était évident, donc pour me montrer l’enfumage d’une machine, elles faisaient ça en deux secondes et moi j’avais rien compris ! Mais je les ai toujours vues et ça m’a toujours donné envie. Et puis aussi c’est vrai que je suis un petit gabarit et du coup, dans les vêtements du commerce, c’est toujours un peu grand, ça ne va jamais très bien. Et Je crois que le déclic est parti de là. De vouloir avoir des vêtements qui me vont vraiment, qui sont vraiment à ma taille et c’est là que j’ai commencé à prendre des cours dans une MJC à Lyon.

Quand as-tu su que tu voulais en faire ton métier ?

J’ai commencé la couture quand j’ai commencé à travailler en entreprise suite à mes études. Je travaillais sur un ordinateur en tant que chargée de communication, et en fait j’adorait les lundis soir aller à mes cours de couture parce que ça me reconnectait à quelque chose de réel, de matériel que je n’avais pas. Et c’est au fur et à mesure que j’ai compris que je ne voulais pas être derrière un écran toute la journée, que je préfère être derrière une machine à coudre !

Où t’es-tu formée pour la couture ?

J’ai eu la chance de faire une reconversion professionnelle. J’ai fait un CAP métier de la mode vêtement flou à la SEPR de Lyon. C’est une formation en 1 an post bac, on était plusieurs dans mon cas en reconversion, ça a été une super expérience !

Qu’as-tu pensé de ta formation ?

Ça faisait un moment que je faisais de la couture mais vraiment ce que j’attendais, c’était d’acquérir des compétences professionnelles comme les finitions, les techniques, et ça m’a vraiment permis d’acquérir tout ça. Je la conseille à ceux qui veulent se lancer, j’ai un super souvenir avec les profs et les autres élèves !

Tu es passée de chargée de com’ à couturière, l’auto-entreprise c’est quelque chose qui t’intéressait déjà ? Tu connaissais ?

J’étais dans une famille d’entrepreneurs et j’ai beaucoup vu ça autour de moi. J’aime la liberté que ça offre. Le fait que ce soit moins chronophage avec des validations par le N+1, le N+2… c’est nous qui décidons de la direction qu’on veut prendre pour notre entreprise ! Après on a aussi le revers de la médaille, on est tout seul dans nos choix, et on aimerait parfois en discuter, manger avec des équipes mais c’est un choix !

Est-ce que tu as eu des doutes ou des craintes au moment de te lancer ?

Non, du tout, c’était une évidence de me lancer ! J’avais pas fait tout ça pour rien, la formation, c’était une évidence. J’ai commencé avec des ateliers sur Lyon et j’ai travaillé pour une marque lyonnaise de prêt à porter qui s’appelle Tinsels. Je faisais les prototypes de la collection de l’année suivante. C’était super bien, les modèles de cette marque me plaisaient beaucoup donc c’était agréable pour moi !

C’est une fierté pour toi d’être artisane ?

Oui, c’est une fierté d’avoir ce savoir faire et de faire quelque chose de ses mains ! Je trouve qu’à l’heure actuelle, on est beaucoup sur tout ce qui est numérique etc. Alors c’est important et ça nous aide au quotidien, mais d’avoir un savoir faire manuel comme ça, c’est une fierté.

Est-ce que c’est difficile d’être artisan.e en 2022 ?

Oui, c’est pas facile. Il y a eu le Covid… Et je trouve qu’on n’est pas toujours très pris au sérieux aussi, surtout en tant que couturière, on peut penser que c’est vraiment un travail hobby alors que non, c’est un vrai boulot. Parfois ce n’est pas évident.

Est-ce que le métier de couturière aujourd’hui ça permet de bien vivre ?

Pour l’instant, dans mon cas, non pour être honnête. Après, on dit souvent qu’il faut 3 à 5 ans d’exercice pour voir si son activité est viable. Du coup, moi je suis encore dans cette optique-là. Ça prend une belle tournure mais il faut un peu s’accrocher !

Comment imagines-tu ton métier dans 10 ans ? Penses-tu que le métier de couturier.e va évoluer ?

Alors, moi j’espère que mon entreprise va évoluer et croître. Après, vu que c’est un métier qui a toujours existé, dans tout ce qui est industrie, sûrement qu’il y aura des innovations, mais finalement il y a toujours les bases, et toujours des options qui se rajoutent. Est-ce qu’elles sont indispensables ? Je ne suis pas sûre ! Moi dans mon cas, je ne suis pas sûre qu’il évolue, je pense que que j’aurai toujours mon petit atelier !

Quels seraient tes conseils aujourd’hui pour quelqu’un qui voudrait se lancer demain dans la couture ?

Mes conseils, ce seraient de bien savoir où on va, de bien préparer son projet. Le mot business plan peut faire un peu peur, mais je pense que c’est quand même assez important de bien étudier le marché, la faisabilité, les coûts, se projeter financièrement, parce qu’il faut quand même avoir les reins solides pour se lancer. C’est important de savoir où on met les pieds, ce qu’on veut faire !

Merci Lucile !

Si l’univers de Lucile vous intéresse et que la couture vous intrigue ou vous passionne, découvrez nos ateliers, cours et stages en couture !

Voilà vous savez tout, ou presque 😉

Ghislain, fondateur de fabrikable 🔨